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Chronique de Francine Labelle

Samedi, le 5 janvier 2002

Le tableau comme "fenêtre ouverte sur le monde", c'est terminé, dit-on en art contemporain : place à "l'installation".

C'est quoi l'affaire ?

On croit depuis la Renaissance, qu'un tableau est "une fenêtre ouverte sur le monde", c'est-à-dire qu'on organise la surface du tableau comme si ce qu'on voit sur le tableau se continuait mentalement en dehors du tableau, à l'extérieur du cadre. Par exemple, le ciel, la ligne d'horizon, le sol etc.

Le tableau découpe une partie de la réalité et suggère de par sa structure que cette réalité cohérente, qui se tient, se poursuit dans sa réalité propre, en dehors du tableau. Un paysage, un personnage etc.

Ceci présuppose par conséquent qu'il y ait une réalité et que cette réalité se tienne...

Vous me suivez ?

De plus, un tableau réussi organise sa surface de façon consciente - il y a des règles qui changent selon les époques, ce qui fait les chicanes d'école. On prend soin que les quatre coins soient intéressants, que l'oeil se promène sur la surface avec plaisir et aisance et que le tableau "se tienne", qu'il fasse un tout. On appellera ça le modernisme.

Pour faire l'histoire courte, après le cubisme - on y reviendra - Greenberg à New-York annonce que "la fenêtre ouverte sur le monde", c'est terminé . Il faut s'en tenir à une définition plus littérale, plus banale de ce qu'est un tableau : un tableau, c'est une surface plane qui est limitée : "Flatness and delimitation of flatness."

Nouveau credo de la peinture. Nous sommes dans les années 60. Un tableau n'est pas une "fenêtre ouverte", c'est une surface plate. La clé maintenant pour faire de la peinture contemporaine: il faut éliminer tout ce qui peut créer l'illusion de la profondeur, de l'espace qu'on pourrait retrouver dans la dite "réalité". Les tableaux de cette période ont épuisé. toutes les possibilités imaginables pour revenir à la surface du tableau: dans le genre picoté, rayé, careauté, rien, ou presque rien, tout de la même couleur, des objets qui flottent sans se toucher, etc. Le blanc pur.... Bref, on a tout essayé.

Au Québec, ça s'est appelé le "formalisme", que Jean Goguen qui fut mon maître à Concordia, a partagé d'ailleurs.

Jusqu'à ce que, en '82, un mouvement d'artistes italiens, l'Arte Povera, annonce solennellement la mort de la peinture. Tout a été essayé en peinture. Faire différent, ça a été fait. On ne peut plus que se répéter. Il vaut donc mieux s'abstenir...

La peinture se mourait...  Elle est morte!

Et vint "l'installation"...

Pendant ce temps au Québec...

Règne à la chaire d'histoire de l'art de l'Université de Montréal, feu René Payant, le maître à penser qui a formé la plupart des chroniqueurs en arts visuels de nos journaux.

René Payant, le funambule charismatique de l'absurde.

Votre humble servante est soucieuse et inquiète, terrifiée même, parce qu'elle aime la peinture et le dessin.  Mais elle veut faire de la peinture contemporaine et non du XIXe siècle attardé ! Elle s'adonne donc à assister à une conférence sur le "postmodernisme" que René Payant  donne aux professeurs d'arts plastiques des écoles primaires et secondaires. On est le 18 octobre 1985 et je suis en maîtrise à Concordia en enseignement des arts plastiques. Je veux savoir c'est quoi le postmodernisme.

Je suis servie et ravie : un concentré. Le credo de la pensée postmoderne en arts visuels présenté par le Maître en la matière.

La conférence s'intitule: "L'art aujourd'hui: l'hybride".

René Payant y va avec cet énoncé lapidaire : "Pour le postmodernisme, il n'y a pas de transcendantaux". !!! La recherche du bonheur est humaniste" (sic),.  Et la peinture humaniste, cette "fenêtre ouverte sur le monde" est défunte..."

Voilà !

Ce qui revient à dire qu'il n'y a pas de "je", ni de "monde", il n'y a pas d'intériorité, ni d'extériorité, il n'y a que des systèmes sur un chaos. Et le postmodernisme veut dénoncer la "systématicité des systèmes" (sic): le fait que les systèmes sont historiques, qu'ils sont apparus et qu'ils vont disparaître.

"Oups !" que je me dis.

Personne ne réagit. Personne dans la salle ne comprend de quoi il cause. Il vient d'affirmer les prémisses à partir desquelles il fonde la suite de son discours....

Mais la petite, philo c'était son métier, et de plus elle a fait philo à Strasbourg avec un disciple de Jacques Derrida, Philippe Lacoue-Labarthe. Et Derrida est devenu le maître à penser du postmodernisme (elle a appris ça à Concordia). Que c'est intéressant...

Fermons cette parenthèse justificative.

Qu'est-ce que ça veut dire un transcendantal ? Un transcendantal, c'est ce qui fonde, c'est ce sur quoi on s'appuie pour affirmer une vérité, mais qui ne peut pas vraiment se prouver. C'est le point de départ invérifiable. C'est ce qu'on admet comme donné au départ. Il y a eu Dieu. Il y a eu le "je pense, donc je suis", on pourrait dire qu'il y a la vie...

Parler de ça, ça s'appelle la métaphysique.

Mais, mon petit chéri, ton papa Derrida, il te l'a bien dit : nul ne peut prétendre échapper à la métaphysique, au délice ou à la torture du désir du sens. Toi qui parles en ce moment, crois-tu vraiment que ce que tu dis est vrai ? Et si tu le crois, tu es un transcendantal, tu te poses toi-même à l'origine de ton propre discours. Et si tu ne crois pas que ce que tu dis est vrai, alors tu mens, tu es un imposteur, ou... tu fais du théâtre. Il faut dire que René Payant faisait un bon show. Il avait du talent, c'était un grand acteur - qualité pédagogique importante...

Continuons avec la conférence.

Maintenant qu'on "sait" qu'il n'y a pas de transcendantaux pour fonder la réalité, c'est-à-dire que la réalité n'a pas de sens, (que c'est le fruit du chaos) et qu'on s'est fait berner par toutes ces histoires, l'oeuvre postmoderne se devra de déconstruire le sens, de dénoncer l'horreur.... Elle se devra d'être hybride. Le "must". L'hybride étant un être stérile, c'est-à-dire qui ne peut pas se reproduire. Il faut qu'on sorte d'une exposition en étant déstabilisé.

Il faut donc absolument pour être un artiste contemporain, créer des oeuvres stériles, qui déstabilisent, qui créent un malaise...

Malaise dans la salle en effet. Ces jeunes et vieux professeurs qui mettent tout leur coeur à essayer de faire découvrir aux jeunes le plaisir de dessiner et de peindre pour qu'ils deviennent des personnes plus complètes, plus créatives,  plus heureuses- en tout cas je l'espère - commençaient à avoir la nausée. Ils n'étaient pas dans le coup, se sentaient ridicules et méprisés, pour le moins déstabilisés.

La petite préparait sa vengeance...(parce qu'elle défendait sa peau) :

-  "Monsieur Payant, dis-je,  au fond, ce serait génial de faire faire des installations hybrides aux jeunes du secondaire en pleine crise d'adolescence, ça exprimerait parfaitement ce qu'ils traversent."

-  "Non, non, le postmodernisme, ce n'est pas une crise d'adolescence..."

Chronique de Francine Labelle

                  À suivre... 

    

Dimanche le 25 août 2002

     (Je vous propose la suite du texte ci-haut du 5 janvier 2002 sur le postmodernisme et sa proclamation de la mort de la peinture.)

 La bataille fut tellement dure qu'elle nous valut un prix citron. Je me suis fait une limonade...

Sérieux ! J'ai reçu un citron par la poste après avoir mis cet article sur le web !

Je vous propose "la suite" ou autrement dit un "autre credo". Étant bien entendu que bien naïf qui croit sortir des credos.

Alors de la vision de l'absurde aux lunettes noires, on passe à ... quand même pas les lunettes roses ?

Ben en tout cas... arc-en-ciel. OK . On essaie des nouvelles lunettes.

"La réponse au problème est dans la formulation du problème" (proverbe chinois).

Change la formulation du problème:

    "À l'origine est le chaos et nous sommes les fruits du hasard." Credo postmoderne, source d'une angoisse profonde que l'on prend pour la profondeur de la pensée lucide. Possible. En tout cas ennuyeux et casse-pieds. Non mais... c'est quand même une façon de voir...

    On essaie ceci : "À l'origine est moi, mon oeil et ... ma façon de voir".

Ça sonne comment ça ?

    Le problème, c'est que "ma façon de voir", je ne la connais pas, je nage dedans, je la prends pour du cash, je nage avec elle dans l'évidence de ce qui m'apparaît être la vérité vraie : mon dogme de perception. Et je n'en prendrai conscience qu'en me mettant à m'exprimer - à créer - mettons à dessiner, et alors seulement je me rendrai compte que ce que je fais, les autres ne le font pas - ou en tout cas ne le font pas comme ça. Et que c'est confondant de se percevoir si différent et que ça donne parfois l'impression d'être à côté de la track. Et que alors, oui, c'est vrai, j'ai un style personnel, et en même temps, ...ce n'est pas nécessairement ce style-là que j'aimerais avoir.... J'aimerais peindre comme.... Mais si je copie le "comme", je ne saurai jamais quelle était ma perception à moi.

    Problème.

    Au fond ce problème est beaucoup plus tragique que celui que pose le postmodernisme.

    Car...

    Si je me mets à voir, avec mes yeux à moi, et que je me mets à laisser surgir devant moi ce qui m'apparaît et que je poursuis l'aventure en regardant toujours un peu à côté pour voir ce qu'il y a de nouveau, (essayez voir : si vous faites le focus sur la forme que vous fixez, vous partez dans la lune parce que l'oeil se met à s'ennuyer, mais si vous regardez toujours un peu à côté, puis encore à côté, puis encore à côté de l'à-côté, alors apparaîtront... des imprévus, comme en voyage. Et alors là, vous n'avez pas fini d'en voir. Et alors vous n'avez jamais fini de voir ! Et la réalité semble ainsi faite qu'elle n'a pas fini de m'en fournir à voir... Et ô comble de l'imprévisible, l'expérimentation de ce phénomène perceptuel m'emmène dans une aventure excitante, en même temps qu'épeurante, terrifiante parfois, et me transporte dans une effervescence qui frise la transe et dont à un moment donné... je ne puis plus me passer. Ça sent l'addiction.

    Allez donc expliquer ça.

    Cézanne était-y fou? Van Gogh et Gauguin aussi ?.

    Et cette transe, cette excitation profonde, surgit de façon encore plus rapide et plus puissante avec la couleur qu'avec le noir et blanc...

    Alors là...

    Et quand cette transe surgit, le tableau se met à vouloir des choses... comme en rêve. La peinture donne des ordres, la couleur s'impose, les formes et les textures se tricotent, les gestes s'organisent et le tableau se veut. Et il veut parler. Et là, je ne sais plus trop si ce que je fais est correct, et là, la peur me prend, et là je voudrais savoir où je m'en vais, je voudrais être au courant de ce que j'essaie de me dire, de ce qu'il y a là, au bout de ma ligne à pêche, parce que ça mord, et que je ne sais plus !

    Je ne sais plus...

    Je ne sais plus.

    "Pousse de la peinture, ma chérie"

    - Oui mais si je gaspille mon tableau.

    - Pousse de la peinture là où c'est plate, là ou c'est problématique, là où ton oeil s'ennuie.

    - Mais c'est là que j'ai peur d'aller...

    - ???

    - T'as rien à perdre, puisque ça ne marche pas, là.

    - !

    Et tu pousse de la peinture là... et de la visite arrive, un poisson doré, curieux étrange, pas seulement un poisson, un autre, différent, arrogant, et puis finalement non, c'est un gros poisson, pas si méchant, mais encore plus gros, turquoise avec des violacés et des reflets argentés. Et puis une heure a passé. Je n'ai plus vraiment peur, je suis un peu sidérée. La pêche a été bonne... La suite...

    Je suis un peu fatiguée. L'eau est sale, mes couleurs et mes pinceaux aussi.

    J'en veux encore.

    Voir la suite.

    Voir.

    Et la suite surgit en taches de textures et de couleurs dégueulasses, somptueuses, bizarres, hasardeuses. Et se transforment en chatoyantes structures de rythmes et de tensions éloquentes, mystérieuses, charmantes, inquiétantes...

    La vie...

    Ça ressemble à la vie.

    "L'art consiste à représenter les relations de l'artiste avec le monde de ses expériences - c'est-à-dire à représenter son expérience avec les objets et non les objets eux-mêmes." (Viktor Lowenfeld)

    C'est ça qui m'intéresse.

    Les formes, quand je me mets à les voir surgir en les dessinant ou en peignant d'observation, m'apparaissent de la même façon, une à une, comme si le fait de dessiner me permettait de les regarder plus longtemps... Et les regardant, elles se mettent, à se transformer, elles bougent, elles se métamorphosent, elles se multiplient, elles s'excitent... Et fascinée, je continue à dessiner pour ne pas briser le charme, la transe, le bonheur de voir...

    Et la réalité grouille d'abondance dans sa logique diversifiée.

    On est loin de la copie d'après photo.

    Pourquoi ?

    Seules les trois dimensions fournissent à l'oeil autant de variété parce que les trois dimensions, pour être traduites en deux dimensions - l'à-plat de la feuille de papier - exige du cerveau un travail de transposition, d'interprétation, gigantesque. Et c'est dans ce travail que le phénomène perceptuel se déploie sans restriction, dans l'abondance de ce qu'un paysage, une nature morte, un visage, un corps, la réalité, offrent comme un buffet garni de formes, de couleurs de textures, d'ombres et de lumières, de rapports que l'oeil créera en faisant son chemin à lui dans toute cette surabondance.

    Et c'est là que l'oeil, dans ce qu'il choisit de voir - et donc aussi d'occulter - dessinera le profil puissant et expérimenté de mon "style". Et il a du métier, mon oeil. Il voit depuis que je suis née, mon œil!

    Alors...

    Alors en apprenant à dessiner, à laisser ma main suivre mon oeil, je deviens consciente de la façon dont mon oeil voit.

    Et comme disait le vieux maître chinois : "Quand tu vois vraiment, tu n'as plus besoin de dessiner" !!!

    Ça c'était pour le plaisir...

Le pur plaisir personnel de vivre... De trouver une raison pour se lever le matin... Une vraie raison excitante de se lever le matin.

    Parce que, voyez-vous, c'est politique. Ben oui, c'est politique. Ça touche la question du pouvoir et de qui prend les décisions et pour faire quoi... et nous faire croire quoi ! Ça touche la question de la vision, du projet - personnel et social.

    Nietzsche disait quelque part que l'origine des guerres, c'était l'ennui.

    L'ennui !

    Non mais pensez-y, l'ennui. Les enfants qui s'ennuient deviennent exécrables. Les ados surdoués qui s'ennuient (c'est d'ailleurs souvent leur drame à l'école)  deviennent délinquants. Et les adultes qui s'ennuient alors là.... dépressifs ou moralisateurs-emmerdants, ou pire encore, dangereux-graves. On connaît des politiciens qui s'ennuient, ça c'est clair. ... et puis.... Vous voyez....

Bon les conneries de jeux de pouvoir, l'addiction du powertrip, grattez comme il faut : l'ennui. Non mais il faut s'ennuyer beaucoup pour se donner tant de mal à ennuyer la planète. S'ils s'arrêtaient pour voir... oh ! pas sure...

    Il faudrait qu'ils aient un projet, un flash, un "insight", une vision autre que celle du $, s'entend. Parce que quand on a beaucoup de fric, on s'ennuie. Yes Madame. Mais comment tu fais pour avoir une idée de projet ?

    Et alors je tombe sur ce bout de texte de mon vieux mémoire de maîtrise de 1991 (Concordia en enseignement des arts visuels). Ça tient encore la route, même si le langage est un peu plus chic.

 

Je suis consciente de la position que je prends dans le débat actuel de l'art contemporain par rapport à l'art conceptuel, et à ce sujet, c'est avec beaucoup de réconfort que j'ai découvert Edmund Feldman.

    Je me situe tout à fait dans la lignée d'Edmund Feldman quand il invite les artistes et les enseignants en arts visuels à prendre conscience que l'art véhicule des valeurs, qu'il a un effet social beaucoup plus réel et plus profond que d'être un simple hédonisme esthétique, un passe-temps agréable ou un jeu de dénonciations.

    Je crois en effet avec lui que, oui, l'art véhicule des valeurs et que c'est là sa puissance et l'origine de son ancienneté et de sa pérennité, qu'il est primordial que, à la fois comme artistes et comme professeurs d'art, nous prenions conscience des valeurs que nous véhiculons.

    Parmi ces valeurs, je suis d'accord avec son choix moral et politique: à savoir que l'art s'adresse à l'être humain en sa totalité et que celui-ci a le pouvoir de créer sa réalité, que l'art transforme la personne qui le produit autant que les matériaux qui lui ont servi, que l'art est un langage privilégié qui permet à l'être humain de prendre conscience de ce qu'il ressent et de le communiquer, qu'il est le lieu de la représentation donnant accès à la visualisation ("insight") des grands projets de civilisation qui peuvent ensuite prendre forme, c'est-à-dire que l'art n'est pas l'illustration d'un concept: le concept surgit de la représentation et non l'inverse.

    Edmund Feldman se sert des contradictions contemporaines et pose le dilemme de la fonction de l'art et de l'enseignement de l'art de façon politique, c'est-à-dire en affirmant le pouvoir qu'on a de participer à la destruction ou à la transformation de soi et d'un projet collectif, c'est-à-dire autant au niveau personnel que social.

All these good things can happen when the students who are now in our schools and colleges decide that they are creators, not just victims, of their fate. But first they must have a vision of the good life, of the caring person, of cooperative communities, of well formed objects, of harmonious forms of social intercourse, of the heights as well as the depths of human nature.

    Edmund Burke Feldman, "Art in the Mainstream : Ideology and Hope," Art Education 35 (July 1982) : 9

"Toutes ces bonnes choses peuvent se produire quand les étudiants qui sont maintenant dans nos écoles et dans nos collèges décident qu'ils sont créateurs et non seulement victimes de leur destin. Mais d'abord, ils doivent avoir la vision d'une vie bonne, d'une personne affectueuse, de communautés qui coopèrent, d'objets bien faits, de rencontres sociales harmonieuses, des grandeurs autant que des abîmes de la nature humaine." (La traduction est de moi).

 

    Toutes connaissances et expériences que l'art procure.

We are not personally responsible for the culture of violence and brutality that prospers in our society. But we are responsible if our students possess no alternative options, no generous vision of human possibilities, no concrete idea of what men and women can accomplish when their pleasures come from building together. We know that civilization -the accumulation of centuries of hard work - can be destroyed in a moment. That is why it is painful to see so many signs of human degradation in the visual arts, so much evidence of man's creative impulse turned against itself. But we have to believe that this pattern can be reversed. After all, that is what art is - the other side of barbarism, the opposite of the destructive impulse. Ours must be the profession that takes the human forming impulse and shapes it into signs of hope.

    Edmund Burke Feldman, "Art in the Mainstream: Ideology and Hope," Art Education 35 (July 1982) : 9

"Nous ne sommes pas personnellement responsables de la culture de violence et de brutalité qui prospère dans notre société. Mais nous sommes responsables si nos étudiants ne possèdent aucune autre alternative, aucune vision généreuse des possibilités humaines, aucune idée concrète de ce que les hommes et les femmes peuvent accomplir quand leur plaisir vient du fait de construire ensemble. Nous savons que la civilisation - l'accumulation de siècles de travail - peut être détruite en un instant. C'est pourquoi il est douloureux de voir tellement de signes de dégradation humaine dans les arts visuels, tant d'évidences de l'impulsion créatrice de l'homme tournée contre lui-même. Mais nous devons croire que ce modèle peut être renversé. Après tout, c'est ce que l'art est - l'autre côté de la barbarie, le contraire de l'impulsion de destruction. Notre profession doit être celle qui prend l'impulsion humaine de donner forme et la façonne en signes d'espoir." (La traduction est de mol).

 

    Ou encore:

 

The desire to preserve civilization, to renew the best of the past and to build a better future needs to be firmly established in every generation.

Edmund Burke Feldman, "Art in the Mainstream : Ideology and Hope," Art Education 36 (July 1983) : 9

"Le désir de préserver la civilisation, de renouveler le meilleur du passé et de construire un futur meilleur a besoin d'être établi dans chaque génération." (La traduction est de moi).

 

    Cette vision globale de l'art vécu comme outil de transformation intérieure et sociale autant que comme habileté technique procurant un grand plaisir, répondait tout à fait à mon désir et je continue de peindre, de dessiner et d'enseigner dans l'esprit des valeurs pédagogiques et de la vision de l'art de ces grands professeurs.

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